Retour en arrière, années 80 : la gauche française sentait encore le gaullo-communisme mâtiné de barricades et de promesses en noir et blanc.
Aujourd’hui, en 2025, elle a muté, fracturée, triturée par les réseaux, le wokisme et une identité qui tangue entre nostalgie et panique climatique.
Entre ces deux époques, un fossé béant s’est creusé, façon Grand Canyon idéologique.
Alors, prenons le pouls de cette gauche qui ne sait plus trop si elle doit chanter L’Internationale ou tweeter des threads sur l’intersectionnalité.
Les années 80 : l’usine, le peuple, la lutte
Dans les 80’s, la gauche, c’était du solide.
Mitterrand au pouvoir, le PS en costard-cravate, et le PCF qui faisait encore trembler les bourgeois avec ses drapeaux rouges.
On parlait usine, ouvriers, nationalisations. La victoire de 81, c’était l’abolition de la peine de mort, les 39 heures, les grands travaux.
Une gauche ancrée dans le réel, les syndicats en première ligne, les manifs qui sentaient la sueur et la lacrymo. L’ennemi ? Le patronat, Reagan, Thatcher.
Les idéaux ? Universalistes, presque militaires : égalité pour tous, point barre.
Même les intellos à la Sartre ou Bourdieu cognaient dur, avec des mots qui pesaient des tonnes.
2025 : likes, identités et apocalypse
Aujourd’hui, la gauche française, c’est un kaléidoscope qui donne le tournis.
Fini le monolithe ouvrier, place à la mosaïque : écolos radicalisés, Insoumis en guerre sainte contre le capital, et une gauche « progressiste » qui jongle entre décolonialisme et veganisme.
Les combats ? Le climat, les minorités, le genre.
Les outils ? X, TikTok, pétitions en ligne.
Là où les 80’s voulaient des usines publiques, 2025 rêve de ZAD et de taxe carbone.
Mélenchon hurle encore, mais ses troupes préfèrent les hashtags aux pavés.
Et le PS ? Un fantôme qui bredouille des compromis avec Macron, loin du souffle mitterrandien.
Du collectif à l’individu
Le grand virage, c’est ça : la gauche des années 80 pensait collectif – la classe, la nation, le prolétariat.
En 2025, elle zoome sur l’individu – ton pronom, ta couleur, ton ressenti.
Les luttes se sont éclatées en micro-causes, parfois au bord de la caricature.
Exemple : en 1983, on bloquait des usines pour les salaires ; en 2024, on bloque des facs pour un mot jugé offensant.
L’universalisme a pris une claque, remplacé par une obsession identitaire qui divise autant qu’elle mobilise.
La rue contre l’écran
Autre différence qui cogne : la méthode.
Les 80’s, c’était la rue, les tracts, les mégaphones. Les manifs de 86 contre Devaquet, c’était du brut, du vivant.
En 2025, la révolte passe par l’écran. Les Gilets jaunes ont été un sursaut old school, mais depuis, tout se joue en live sur Twitch ou en trending topic sur X.
La gauche d’hier hurlait en cortège ; celle d’aujourd’hui cancel en 280 caractères. Résultat : plus de visibilité, moins de sueur.
Une gauche orpheline
Finalement, la gauche des années 80 avait une colonne vertébrale : le socialisme, même bancal, portait une vision.
En 2025, elle tâtonne, tiraillée entre nostalgiques du CNR et apôtres du chaos climatique.
Les électeurs, eux, se barrent – chez Macron, chez Le Pen, ou nulle part.
La gauche d’hier gagnait des élections ; celle d’aujourd’hui perd des abonnés.
Triste ironie pour une famille qui jurait de changer le monde.